Cassandre Munoz/Moun
Artiste en mouvement
Mon travail me fait faire des grands écarts.
Danser, bouger, explorer, voyager, découvrir, réagir, tester, provoquer, tomber, partager, traduire, persévérer, résister. Changer d’espaces, d’équipes, de conditions économiques et par là, d’enjeux politiques. Ces retournements perpétuels me conduisent depuis quelques années à observer ma posture intime et artistique. Celle-ci est directement liée à mon rapport au corps, à mon rapport au mouvement et à mon rapport à l’identité.
Toutes mes pratiques potentialisent un environnement traversant mon corps et traversé par lui, tissant un réseau hétérogène de circulations, un écosystème sensible. Tous mes agirs, mes lectures, mes repas, mes gestes, mes pensées actualisent ce que «je» suis: une multitude de paradoxes que je préfère penser tensions que contradictions.
Ces paradoxes sont moins des luttes que des espaces ouverts.
Mon parcours a ouvert depuis ma formation au CDC Toulouse des champs aux porosités dynamiques réciproques particulières : négociations entre expérimenter et représenter, concevoir et percevoir, nommer et désigner, contrôler et lâcher prise... Des tentatives d’articuler fond et forme pour mettre en tension un être au monde où circulent des concepts parfois contradictoires: individu/groupe, chute/jaillissement, micro/macro, dedans/dehors, intime/politique, homme/femme.
Une porosité cultivée qui interroge sur ma manière de faire lien entre ces villes, entre ces pratiques, entre ces dichotomies.
J’ai d’abord vu un décalage, un gribouillis. Quelque chose de tordu ou d’éparpillé.
Chemin faisant, je me rends compte que ce gribouillis raconte quelque chose, construit une structure polarisée par tout un tas d’expériences, de références. Que ce n’est pas parce que ça part dans plusieurs directions que ça n’est pas cohérent. Il s’agit de ma vie, et si je suis aujourd’hui capable de me tenir debout et d’y réfléchir, c’est bien que l’architecture me soutenant trouve son chemin vers l’équilibre. Equilibre dont il faut que j’accepte qu’il soit remis en jeu à chaque instant.
C’est aujourd’hui à cet endroit que j’ai envie de placer ma danse : dans cette expérience.